2014
Emmanuel Carrère : "Je me passe très bien de Dieu" - Bibliobs - Le Nouvel Observateur
C’est bien dosé. Mais ça finit surtout par produire un effet, puisque vous tracez de nombreux parallèles entre l’Occident contemporain et l’Empire romain : attachement à la laïcité, manque d’idéaux collectifs, recherche de méthodes de développement personnel… Cela signifie-t-il que notre Occident est mûr pour accueillir un nouveau saint Paul? ou un Lénine? Vous dites qu’il existe peut-être, quelque part, un inconnu qui va tout transformer.
J’en suis convaincu. Je n’ai aucune idée des formes que ça peut revêtir, je pense que ça ne peut pas prendre des formes existant déjà, et je marche sur des œufs parce que je manque de culture scientifique. Mais j’ai le sentiment, que je crois assez répandu, qu’on est au seuil de changements majeurs. Pas seulement de civilisation, mais de l’idée qu’on se fait de l’être humain. Je crois qu’on est engagé dans un processus de mutation. Celui qui écrit de façon géniale là-dessus, c’est Houellebecq. Au fond il ne parle que de ça: l’avènement d’un homme différent, avec le clonage, l’informatisation de toutes les fonctions, l’allongement de la vie jusqu’à une quasi-éternité.